Il est acquis que les questions de santé se gèrent au niveau individuel. Chaque personne saine d’esprit peut décider librement de la façon dont elle gère sa santé, sa protection sociale et ses solutions de prévoyance. Toutefois, les politiques de santé décidées par un État tendent souvent à influencer, voire diriger les choix des individus en la matière. Une forme de paternalisme latent transparaît alors dans la relation entre les pouvoirs publics et la population. En gros, l’État fait croire aux citoyens que leur santé se portera mieux sous sa responsabilité et grâce aux mesures et systèmes qu’il met en place. Cette affirmation se défend jusqu’à un certain point.
D’abord, les choix politiques de l’État dans le secteur de la santé s’appuient généralement sur des éléments factuels, des informations remontées par les acteurs de la santé publique et des soignants intervenant en présentiel au plus près de la population. Ces données sont collectées au niveau national et offrent une visibilité globale sur les besoins de la nation tout entière en matière de prévention et de protection de la santé. Les particuliers n’ont pas tous la faculté, ni la volonté, ni les moyens de collecter ces informations vitales pour leur bien personnel. En ce sens, l’État et les organismes qui lui sont rattachés peuvent légitimement orienter les décisions économiques, sociales et humaines de la santé publique.
En revanche, le paternalisme des politiques publiques en matière de santé dépasse parfois les bornes de ce qui est considéré comme juste du point de vue de l’éthique en santé. Certains s’interrogent notamment sur la moralité des mesures restrictives ou coercitives mises en place par les dirigeants, pour atteindre un bien qui n’est pas reconnu par les individus concernés. Ces personnes se plaignent de l’interférence des actions étatiques avec leur liberté individuelle, leur autonomie décisionnelle et sur le principe de bienfaisance.
Le rejet du paternalisme n’est pas systématique au sein de la population. Cela vient du fait que ce modèle « interventionniste » existe sous différentes formes.
1. Le paternalisme doux
Le paternalisme des politiques publiques de santé se manifeste par des mesures actionnées en réponse à un acte involontaire du patient. La pertinence de la réaction se justifie amplement par ses bienfaits et ses bénéfices pour la personne. Par exemple, un citoyen responsable s’oppose rarement à une interdiction de conduire en état d’ébriété avancée. Cet empêchement est même considéré comme bénéfique et salvateur, puisqu’il évite au conducteur de se faire mal et, éventuellement, de faire du mal à autrui.
2. Le paternalisme dur
Le paternalisme dur, lui, se distingue par son opposition à des actions réfléchies d’une personne qui a toutes ses capacités cognitives et intellectuelles. Cette position est plus difficile à justifier et suscite souvent des débats houleux dans les espaces de réflexion reconnus, comme une école des hautes études d’éthique, les facs de droit et économie, les programmes académiques d’une faculté des lettres et les comités d’éthique des centres hospitaliers et des organismes gouvernementaux.
Partie 6 – Quels sont les principaux problèmes posés par le paternalisme dans le domaine de la santé publique ?