La pensée éthique en santé publique est fondamentalement différente de celle en éthique clinique. L’éthique de soins s’appuie avant tout sur les intérêts, les problèmes et les besoins des patients individuels dans un contexte clinique. Elle régit les échanges et les interactions entre la personne malade et le personnel soignant, en particulier le médecin.
De son côté, l’éthique en santé publique analyse les problématiques de santé de la population, un ensemble hétérogène constitué d’une grande variété d’individus sur le plan ethnique, social, culturel, économique et religieux. L’éthique en santé publique se différencie par la complexité de ses enjeux : la réflexion ne cherche pas uniquement le bien-être et la santé des individus. Elle doit aussi défendre l’équité et les intérêts sanitaires de chaque groupe de personnes, surtout les communautés marginalisées, opprimées ou désavantagées.
L’éthique en santé publique possède aussi des caractéristiques propres susceptibles d’entrer en conflit avec les fondements de l’éthique clinique :
— Les stratégies retenues en santé publique proviennent essentiellement des professionnels de la santé
— Les interventions en santé publique ne bénéficient pas toujours à l’ensemble de la population
— L’omniprésence et l’institutionnalisation d’une politique de soins peuvent restreindre la liberté décisionnelle des individus