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Bioéthique

L’Homme moderne sait plus que jamais manier les cellules, les tissus biologiques et autres organismes microscopiques grâce aux progrès de la science et de la technologie. Devant une telle avancée, le risque de dérapage est omniprésent. La bioéthique fixe les barrières à ne pas dépasser par les scientifiques.

Quelles sont les prochaines étapes en matière de loi bioéthique ?

La France possède une légère avance en matière de réglementations et de lois bioéthiques. La dernière version de la loi bioéthique d’août 2021 a donné lieu à plusieurs textes d’application. Ces règles encadrent notamment l’assistance médicale à la procréation, l’autoconservation des gamètes et le traitement des données et de l’identité d’un tiers donneur.

Cette loi bioéthique sera évaluée par l’OPECST (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) avant le 2 août 2025. Pour compléter son arsenal législatif, la France initie actuellement une réflexion globale sur la question de la fin de vie. Les conclusions de cette convention citoyenne, attendues en 2023, pourraient conduire à une nouvelle modification de la loi bioéthique 2021.

Implications éthiques, légales et sociales de la santé

Politique de santé publique : comment atténuer les inégalités causées par les déterminants sociaux de la santé ?

Tout gouvernement soucieux du bien-être de la population aspire à un système de santé performant, un bien commun permettant à chaque citoyen et résident de bénéficier de soins de qualité. Voilà pour la théorie. Dans les faits, les politiques publiques de santé actuelles montrent des failles évidentes, à l’origine de nombreuses inégalités qui posent questions concernant les implications éthiques, légales et sociales de la santé.

La Déclaration universelle des droits de l’homme proclame que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». En matière de santé, cette égalité s’efface progressivement, voire dès la petite enfance, à cause des déterminants sociaux, comme l’insécurité alimentaire, le logement, l’exclusion sociale, les services de santé, la race, le sexe, l’emploi et l’invalidité. L’objectif d’une politique publique de santé consiste à supprimer ou à amortir l’impact de ces déterminants de la santé et permettre à toutes les populations de se soigner convenablement. Cela requiert d’énormes travaux de planification, mais aussi une réflexion permanente sur les défis posés par l’évolution des systèmes de santé et des systèmes de soins.

La démocratisation des technologies modernes met en évidence des implications éthiques, légales et sociales de la santé en lien avec la confidentialité des données, la relation médecin-patient et le consentement éclairé avant tout acte médical. Les changements de mœurs et l’ouverture de la société à la tolérance obligent les autorités et les professionnels de santé à considérer davantage les décisions des patients fondées sur des valeurs culturelles ou religieuses. Les pratiques professionnelles, mieux encadrées et plus évoluées, accordent toujours plus d’importance aux principes de bienfaisance, de non-malfaisance et d’autonomie.

Loin d’être une simple éthique sur étiquette, ces enjeux accompagnent au quotidien les prises de décisions des soignants, surtout lors d’évènements exceptionnels comme les crises sanitaires. Tous les acteurs de la santé contribuent de près ou de loin à la réduction de l’inégalité d’accès aux soins. Même si les solutions et les moyens déployés demeurent perfectibles, l’intention est louable. Néanmoins, les débats sur les implications éthiques, légales et sociales de la santé en rapport aux inégalités causées par les DSS vont durer dans le temps. La compréhension du sujet s’améliorera au fil du temps et de nouveaux défis apparaîtront, au fur et à mesure du développement des technologies, de l’évolution des politiques de soins et des transformations de la société en général.

Implications éthiques, légales et sociales du développement médical

Éthique de la recherche médicale : les enjeux de l’encadrement du développement de nouvelles techniques de soins

On n’arrête pas le progrès, dit l’adage. Cette formule s’applique en particulier au développement médical, un secteur marqué par d’innombrables et spectaculaires avancées au cours des dernières décennies. Cette progression rapide nourrit l’espoir d’un futur meilleur, débarrassé des maux difficiles, voire impossibles à soigner avec les techniques actuelles. Elle soulève aussi des questions liées aux implications éthiques, légales et sociales du développement médical.

Comment savoir si ces inventions ne dépassent pas les limites de l’acceptable sur le plan éthique, moral, légal et des droits humains ? L’éthique médicale et l’éthique de la santé publique peuvent-elles devenir un frein à la découverte de soins révolutionnaires et salutaires pour l’humanité ? La frontière entre le chaos et l’absolutisme étant très fine, il est crucial d’établir un cadre éthique clair, juste et acceptable sur ce sujet.

Toutes les parties prenantes doivent participer pleinement à ce débat sur les implications éthiques, légales et sociales du développement médical : les politiques, la profession médicale, les leaders religieux et sociaux, le législateur et les autorités. Ces échanges, menés dans le cadre de colloques interdisciplinaires, doivent aider à établir une règle éthique ni trop contraignante, ni trop laxiste. L’objectif in fine consiste à soutenir les progrès de la médecine moderne, sans perdre de vue les repères moraux définis par l’éthique du soin.

Des commissions d’éthique affiliées à un pays, des établissements de recherche ou des centres de soin mènent actuellement les réflexions sur la conduite à adopter par les professionnels de santé et les chercheurs face à des situations complexes. Ces comités contribuent largement à l’élaboration de règles éthiques sur des sujets comme l’utilisation de cellules souches, l’euthanasie, l’accompagnement en fin de vie – avec la loi Leonetti – et la procréation médicalement assistée.

L’intervention des algorithmes et de l’intelligence artificielle dans les soins, la télémédecine et la génétique médicale nécessitent une révision ou une définition d’une approche éthique adaptée aux besoins des chercheurs… et des patients. Le questionnement des implications éthiques, légales et sociales du développement médical est donc un processus continu et évolutif.

Comprendre toutes les implications éthiques, légales et sociales du développement médical est une étape incontournable de l’encadrement des pratiques en recherche médicale. Cette cognition garantit un minimum d’ouverture dans les échanges et protège contre les dérives extrémistes, contraires à la pensée scientifique et rationnelle. Nous avons vu dans ce dossier que le développement médical :

–         doit toujours viser le bien-être de l’humanité dans son ensemble, sans toutefois négliger les aspirations profondes de chaque individu ;

–          nécessite un encadrement légal ni trop strict, ni trop permissif. Cela évite les dérives liées aux expérimentations incontrôlées, non conformes aux principes fondamentaux de l’éthique de santé et des valeurs morales acceptées par la société. Un encadrement juste ne freine pas non plus l’avancée des technologies médicales et des sciences humaines et sociales ;

–         doit impliquer, outre les chercheurs et les médecins, les patients. Ces derniers sont les premiers concernés par les problématiques et les solutions traitées par la recherche médicale. À juste titre, ils méritent de participer davantage à toutes les étapes du développement médical, depuis le design de l’étude jusqu’à la présentation des résultats ;

–          doit suivre l’évolution des modes de pensée de la société, lesquels sont influencés par l’héritage culturel, l’histoire, la religion, le discours politique ainsi que les réalités économiques, démographiques et sociales. Même si la direction du développement médical ne va pas toujours dans le sens voulu par toutes les populations, ses bénéfices doivent toujours apporter du changement positif dans la vie des patients ;

–           doit être débarrassé de toutes influences et actions parasites qui peuvent potentiellement influencer et dénaturer les résultats ;

–          ne doit pas souffrir des conflits éthiques entre les chercheurs et des différences de points de vue entre la communauté scientifique et les autorités, ou entre les médecins et l’opinion publique. Le respect de la diversité des idées permet d’explorer des chemins différents pour résoudre un même problème de santé ou de société.

Enfin, la réflexion autour des implications éthiques, légales et sociales du développement médical est une démarche continue, non limitée ni dans le temps, ni dans l’espace. Le débat implique toutes les personnes crédibles, légitimes et reconnues pour leur expertise dans un domaine relié à la recherche médicale. Les échanges doivent se faire en toute transparence et conduits dans un langage et des conditions accessibles par toute la population.

Santé globale

Santé globale : une approche novatrice des problématiques de santé

Traditionnellement, la santé mentale et physique s’envisage au niveau de chaque individu. Tout le monde est libre de choisir ses soins thérapeutiques et ses méthodes de prévention santé, en fonction de ses croyances, de ses moyens et de ses objectifs. Puis, le développement des sciences humaines et des sciences sociales fait bouger les lignes. L’Homme prend conscience de l’importance de considérer la santé de la population dans son ensemble au même niveau que la santé de chaque individu.

Ce changement de paradigme donne naissance à une nouvelle approche de santé publique, pilotée par les politiques et encadrée par les professionnels de santé. Depuis, presque tous les pays investissent dans une politique de santé publique dont l’objectif principal consiste à améliorer la santé humaine. Ces plans prévoient des mesures concrètes axées notamment sur l’amélioration de l’offre de soins, la prévention des risques sanitaires et la lutte contre les maladies potentiellement dévastatrices, comme Ebola, le VIHSida et la fièvre jaune.

La gestion étatique des problématiques de santé produit des résultats satisfaisants sur plusieurs points. La bonne organisation des systèmes de santé permet notamment d’améliorer la santé globale des populations. Ces bénéfices se ressentent sur le parcours de santé dans les hôpitaux, sur la qualité et la précision de la surveillance des maladies ainsi que la distribution des vaccins contre les maladies infectieuses comme l’hépatite B, la grippe et la rougeole.

Par exemple, les bases de données médicales gérées par une autorité régionale de santé, sous la supervision des organes du ministère de santé publique, aident à hiérarchiser les priorités sanitaires d’un pays ou d’une région sur une période donnée. Ces renseignements sont essentiels pour planifier des actions de santé publique ciblées et réellement efficaces. De même, la recherche clinique, dirigée ou encadrée par des institutions comme l’INSERM en France, donne naissance à des protocoles thérapeutiques innovants et bénéfiques pour la santé de l’individu. Sans ces travaux, les prothèses intelligentes, les antirétroviraux contre le Sida et d’autres traitements novateurs contre les maladies chroniques n’auraient jamais existé.

Cependant, le traitement des problématiques de santé sur un plan national comporte aussi des failles. Entre les inégalités sociales de santé et les difficultés de répartition des ressources en santé, toutes les politiques de santé publique restent perfectibles. Par ailleurs, une vision locale ou régionale des aspects de la santé s’oppose à la nouvelle réalité du monde moderne.  La mondialisation instaure une forme de dépendance mutuelle entre la santé des populations des cinq continents. Les menaces épidémiologiques en Afrique ou en Asie peuvent facilement s’étendre en Europe et en Amérique – et vice-versa. Pour cette raison, plusieurs leaders politiques et scientifiques réfléchissent à une approche globale de la santé, dans laquelle les préoccupations de santé publique sont gérées au niveau mondial.

Les facteurs sociaux essentiels à la promotion de la santé globale

Ces dernières années, les États et les organisations internationales expérimentent différentes approches de santé globale. Chaque projet ou programme vise un objectif social précis, pendant une période plus ou moins limitée. Les grandes conférences internationales de santé donnent le ton de chaque approche. Les conférences suivantes ont particulièrement marqué l’histoire récente des services de santé dans le monde :

–          La Déclaration de Alma Ata, en 1978, attire l’attention du public et des dirigeants sur la nécessité d’améliorer la qualité des soins dans les services de santé primaires.

–          La Charte d’Ottawa engage les signataires à agir rapidement sur les déterminants sociaux de la santé.

–          La Déclaration ministérielle de Mexico, en 2000, insiste sur l’équité en santé.

–          La Déclaration d’Helsinki de 2013 met l’accent sur la réduction des inégalités sociales de santé.

–          En 2019, la Déclaration de Rotorua promeut les notions de santé planétaire et de développement durable pour tous.

–          En 2022, la Déclaration de Tiothtià:ke rappelle la nécessité de catalyser les politiques de santé, d’équité et de bien-être.

Ces déclarations partagent en commun l’intégration de paramètres sociaux dans le processus de promotion de la santé globale. Elles défendent toutes des valeurs fortes comme l’inclusion des minorités, l’accès équitable aux soins de santé, le partage de connaissances, la participation citoyenne aux programmes de santé et une juste répartition des ressources en santé. Tous ces facteurs sociaux sont essentiels à la promotion d’une approche de santé globale à l’échelle mondiale.

Développement médical et société

Recherche et développement de nouveaux dispositifs médicaux : les obligations réglementaires des PME de santé

Le déploiement d’une nouvelle technologie en télémédecine, un traitement anticancéreux innovant, un nouveau système d’imagerie médicale ou un dispositif d’assistance en bloc opératoire améliore grandement la qualité des soins et les conditions de travail pour les professionnels de santé. Tous les établissements de santé et tous les praticiens aspirent à disposer des innovations les plus récentes en matière de santé. La commercialisation des nouveautés apportées par les industries pharmaceutiques respecte toutefois un protocole très strict, qui s’étale parfois sur plusieurs années.

Cette réglementation couvre toutes les étapes du développement médical, depuis la planification des premiers essais cliniques jusqu’au conditionnement du produit fini. Tous les acteurs du domaine de la santé sont tenus de respecter ces règles. Cela comprend notamment les hôpitaux publics, les cabinets de santé, les soignants, les infirmiers, les sages femmes et toutes les professions paramédicales, experts en psychiatrie, pharmaciens, médecins généralistes, médecins spécialisés, centres hospitaliers du secteur privé et, surtout, les PME de santé qui développent des produits pharmaceutiques innovants. L’agence régionale de santé (ARS) et d’autres organismes de surveillance veillent à leur application, sous la diligence d’une haute autorité de santé nationale ou transnationale.

Les laboratoires pharmaceutiques et les PME médicales sont toutefois les premiers concernés par ces obligations réglementaires. Leurs travaux sont soumis à la fois aux règles inhérentes au Code de la santé publique, au Code de déontologie des professions médicales et à l’éthique qui régissent les pratiques professionnelles de la recherche clinique.

Ce cadre de santé rigoureux limite-t-il leur champ de vision ? Loin de là ! Ces règlements garantissent la démarche qualité de chaque étape du développement médical et de la recherche pharmaceutique. Ils contribuent in fine à une amélioration de l’offre de soins et à une perpétuelle transformation du système de santé.

Les normes draconiennes font partie d’un système complexe de gestion des risques du secteur de la santé, dont l’objectif premier consiste à garantir la sécurité des soins de santé. Sans la pharmacovigilance, par exemple, la prise en charge des patients peut être perturbée par les effets secondaires et effets indésirables associés à certains médicaments et vaccins.

Ainsi, la compréhension et le respect des protocoles sont déterminants, à la fois pour le bon fonctionnement des activités de recherches médicales de l’industrie pharmaceutique et pour la qualité du matériel médical utilisé par les médecins, paramédicaux, aides soignants, auxiliaires médico sociaux, chirurgiens dentistes et l’ensemble des professionnels de santé en général.

Le développement médical en société apporte des bénéfices réels pour les sciences humaines et sur la qualité de vie des patients et des populations dans leur globalité. Aussi bénéfique soit-il, le développement de nouveaux produits de santé doit se faire selon des règles claires, validées par le Conseil de l’Ordre des médecins et par les pouvoirs publics.

Santé et société

Équité en soins de santé : un enjeu de société majeur du XXIe siècle

Les notions de santé et société sont indissociables dans tout débat éthique visant à améliorer les conditions de vie de la population, l’économie et le bien-être global. La corrélation entre santé et société fait régulièrement l’objet d’études et d’interrogations éthiques, dont la finalité reste la même : comment parvenir à une équité dans les soins de santé, sans bouleverser les fondements de la société moderne ? Le secteur de la santé du XXIe siècle privilégie plus que jamais le développement, le progrès et l’innovation. Les dernières avancées en biotechnologies, en soins palliatifs ou en médecine assistée par l’intelligence artificielle apportent une réelle plus-value à la qualité des soins et des sciences de la vie en général.

Paradoxalement, ces grandes découvertes soulèvent des questions éthiques liées au respect du code de déontologie, aux pratiques éthiques dans les établissements de santé et à la démarche éthique des praticiens. Les faits montrent que l’accès aux soins les plus modernes demeure très inégalitaire entre les pays et entre les différentes couches sociales de la population.

En dépit des efforts louables des gouvernements, des centres hospitaliers et des professionnels de santé, ces inégalités se creusent. Faut-il en conclure que l’amélioration de l’offre de soins et le développement de la santé ne favorisent pas l’équité en santé ? Non ! Le bien-être et la qualité de vie des êtres humains dépendent en grande partie du progrès de la médecine, des sciences de la vie et de la santé publique en général.

Sans les investissements dans la recherche médicale, les établissements sanitaires seraient privés des formidables possibilités offertes par les biotechnologies, les cellules souches et le génomique, entre autres. Sans le développement médical, l’offre de soins dans les établissements de santé se serait figée au temps des apothicaires et des mires. La biomédecine n’existerait pas ; la trisomie serait attribuée à la sorcellerie et l’hygiène dentaire serait considérée comme superfétatoire.

Une évaluation éthique du secteur de la santé s’impose donc. Cette remise en question se fait nécessairement dans un espace éthique ouvert, où les intérêts de toutes les parties sont considérés. Les avis du législateur, du comité consultatif national d’éthique, des professions médicales, de l’ordre des médecins, des milieux universitaires et, bien sûr, des représentants de la population comptent dans ces débats. Ces « états généraux » de la santé doivent se focaliser sur un seul et unique problème : comment réorganiser les systèmes de santé afin de garantir le bien-être global de la société dans son ensemble, y compris les minorités et les individus les plus vulnérables ?

La santé de la société face aux changements environnementaux et climatiques

Sujet de prédilection des débats éthiques des dernières décennies, les changements climatiques et environnementaux intéressent également le domaine de la santé. Les experts de l’OMS et d’autres spécialistes surveillent de près l’impact de ces dégradations sur l’état de santé des individus et de la population. Dans l’un de ses rapports, le GIEC démontre clairement les effets potentiels et/ou réels du changement climatique sur la santé :

–          Les phénomènes météorologiques extrêmes perturbent les systèmes alimentaires et entraînent ensuite une hausse de mortalité causée par des zoonoses, des infections alimentaires et les maladies cardio-vasculaires.

–          Les perturbations du climat touchent également les déterminants sociaux de santé, comme l’accès aux structures de santé et les moyens de subsistance.

Évidemment, les populations en situation de précarité sont les plus sensibles aux répercussions sanitaires du changement climatique. Cette vulnérabilité concerne en particulier les minorités ethniques, les enfants, les communautés pauvres, les personnes en situation de handicap ou en vieillissement, les migrants et les femmes.

Une nouvelle fois, ces inégalités consécutives à un phénomène causé par l’activité humaine imposent un questionnement global de l’organisation de la société moderne. A défaut de parvenir à une véritable équité en matière de santé et société, une réflexion poussée autour de cette problématique éthique permet d’avoir une vue d’ensemble sur le sujet. Et cela constitue déjà une base éthique solide de tous les programmes visant à réduire les inégalités sociales de santé, l’un des problèmes éthiques majeurs XXIe siècle.

Sciences de la vie et de la santé

Science de la vie et de la santé : une discipline entièrement dédiée au bien de la société

On raconte que la médecine et les mathématiques sont les mères de toutes les sciences modernes. Tous les grands scientifiques de l’histoire pratiquaient l’une ou l’autre de ces disciplines, ou les deux en même temps. Des génies comme Léonard de Vinci et Descartes portent un grand intérêt à la médecine et aux sciences de la vie et de la santé en général.

Le fondateur du rationalisme moderne porte une grande estime à la médecine, qu’il considère à la fois comme une science et comme un art. Selon lui, la médecine est vitale puisqu’elle contribue à la conservation de la santé, laquelle constitue le « premier bien et le fondement de tous les autres biens » dans la vie. Dans son Traité de l’homme, Descartes introduit une nouvelle conception du corps, qu’il voit comme une mécanique complexe dont il faut comprendre le fonctionnement.

Sa pensée rationnelle inspire des générations entières de médecins et des chercheurs. Prenant exemple sur l’illustre philosophe, des milliers d’esprits brillants s’efforcent de repousser les limites de la compréhension et des connaissances en matière de sciences de la terre et des sciences du vivant. Par leur dévouement et leur curiosité, des étudiants de faculté de médecine, enseignants chercheurs et médecins font avancer les disciplines les plus complexes du domaine des sciences, comme la biologie cellulaire et moléculaire, l’étude du génome, la biochimie, les neurosciences ou la biotechnologie.

Les activités expérimentales qu’ils mènent dans les laboratoires de recherche apportent souvent des innovations bénéfiques pour les soins de santé. Même si leurs travaux n’aboutissent pas sur le développement de nouveaux dispositifs médicaux, ils permettent d’acquérir des connaissances scientifiques utiles dans différents domaines comme l’immunologie, la biochimie, la radiologie, la microbiologie, la génétique, la neurologie et la physiologie.

La science de la vie et de la santé est donc cruciale pour approfondir la compréhension du corps humain et des organismes avec lesquels il interagit. Cette connaissance aide ensuite à mieux protéger la santé de l’individu d’abord, puis celle de la population dans son ensemble à travers une politique de santé publique globale.

Les enjeux éthiques de la santé selon la science de la vie

En repoussant constamment les limites des connaissances sur l’Homme et son entourage, la science de la vie et de la santé se heurte inévitablement à des questions d’ordre éthique. Comment savoir si une innovation de santé ne s’oppose pas aux valeurs fondamentales de l’éthique médicale et aux règles morales acceptées par la société ? Jusqu’où est-il acceptable de mener une expérience scientifique pour le bien de l’humanité ? Qui se charge de veiller l’application de normes éthiques lors d’expérimentations biochimiques ou biologiques ?

Ces questions intéressent énormément les acteurs de la science de la vie et tous les intervenants d’une étude de la biologie. Leur position se veut claire : le progrès de la science biologique ne se fera jamais au détriment des principes immuables de l’éthique de la santé.

Ainsi, en plus des Codes de déontologie de chaque profession, la science de la vie et de la santé se plie aux règles et aux normes qui régissent la pratique expérimentale et la recherche scientifique. Le cadre réglementaire respecté par les chercheurs varie selon les pays :

–          En Suisse, le Code d’intégrité scientifique régit l’activité des hautes écoles et des organes de promotion de la recherche scientifique. La Confédération suisse dispose également d’un arsenal réglementaire complet, qui encadre notamment les expériences scientifiques sur les êtres humains. Elle adhère en outre à des traités et conventions en lien avec les sciences physiques, les domaines de la biologie et tous les autres travaux en laboratoire.

–          En France,  les chercheurs et étudiants d’écoles d’ingénieur ou de fac de biologie doivent respecter les directives inscrites dans la loi du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche scientifique.

Même si les chercheurs appliquent les mêmes principes dans leurs travaux, les réglementations disparates des pays créent une forme de discordance au sein de la communauté scientifique. Des pratiques considérées comme normales dans certains pays peuvent être jugées inhumaines ou contraires à l’éthique dans d’autres contrées.

Cette hétérogénéité rappelle une fois de plus la nécessité de maintenir ouvert le dialogue entre tous les acteurs de la science de la vie et de la santé. L’idée n’est pas d’unifier les protocoles de recherche. Une telle solution poserait une limite à la liberté de recherche et à la liberté de pensée. L’objectif consiste plutôt à atteindre un haut niveau de compréhension et de tolérance qui faciliterait la diffusion et l’exploitation des résultats de recherche.

Biotechnologies

Biotechnologies : comment les développer au maximum sans outrepasser les limites de l’éthique ?

Longtemps réservées aux laboratoires de recherche et à chaque laboratoire de biologie, les biotechnologies se démocratisent. Leurs applications bénéficient aujourd’hui à des secteurs très variés, allant de la médecine à l’agriculture, en passant par les industries minérales, l’immunologie, la bio informatique et la pharmacologie. Plus impressionnant encore, cette nouvelle discipline des sciences du vivant et des sciences de la vie n’a pas encore montré ses limites. Portée par le génie biologique et un mélange entre sciences et technologies, elle ouvre de nouvelles perspectives inimaginables il y a quelques décennies.

Grâce à la biotechnologie, l’homme est aujourd’hui capable de produire de la viande artificielle, sans avoir à abuser des ressources naturelles et environnementales. La création de plantes génétiquement modifiées permet aussi de résoudre nombre de problématiques agroalimentaires, en développant de nouvelles espèces plus riches en protéines, plus résistantes aux parasites et aux animaux nuisibles. Les biotechnologies sont aussi appliquées dans différents domaines, comme la purification de l’eau de mer et la transformation des déchets. Sans grande surprise, la biotechnologie est l’une des branches les plus en vogue de la biologie cellulaire et moléculaire, de la recherche fondamentale et de la biologie appliquée.

Chaque formation en biologie après le baccalauréat intègre désormais des cours de biotechnologies ou des cours de biochimie, afin de préparer les futurs techniciens supérieurs et ingénieurs aux nombreux débouchés dans cette filière. Toute industrie pharmaceutique souhaitant prospérer dans le futur investit également dans des techniques de biologie et dans l’approfondissement des connaissances scientifiques autour des écosystèmes cellulaires et moléculaires, cellules souches, de la thérapie génique, de la chimie organique, la toxicologie, le séquençage des génomes et la virologie. Autrement dit, l’industrie travaille sur un spectre très large de techniques biologiques pouvant apporter du changement à la science du vivant, aux sciences du végétal, aux thérapies expérimentales et à la compréhension de tous les êtres vivants.

Les progrès phénoménaux de la bio informatique et des sciences biologiques en général soulèvent plusieurs questions :

— Jusqu’où les chercheurs en biologie et en microbiologie appliquée peuvent-ils aller au nom de la science et de l’avancée biomédicale ?

— Peut-on intervenir au niveau de l’industrie des biotechnologies, d’un institut de biologie ou d’un laboratoire de biologie pour faire appliquer les règles d’éthique dans les recherches et autres procédés expérimentaux sur les biomolécules ?

— L’industrie pharmaceutique ou agro alimentaire a-t-elle le droit de faire d’énormes profits sur des techniques biologiques bénéfiques pour l’humanité ?

— Quelles sont les responsabilités des autorités et des institutions comme le CNRS, l’INSERM et l’INRA face au développement très rapide des techniques biologiques et d’autres procédés innovants de production de semences ou de solution cosmétique basés sur la biotechnologie ?

Pour répondre à ces questions, le public doit avoir une connaissance juste et une réelle compréhension des principes de la biotechnologie, de son rôle ainsi que de ses principaux usages.

Quels sont les métiers disponibles dans le secteur des biotechnologies ?

Les biotechnologies regroupent des secteurs d’avenir qui offrent d’innombrables opportunités d’emploi. Ci-dessous une liste non exhaustive des métiers les plus recherchés dans ces domaines :

— Technicien ou technicienne de laboratoire (DUT génie biologique avec option, spécialité biologie, licence professionnelle, etc.)

— Technicien biologiste ou microbiologiste

— Technicien d’analyses biomédicales

— Ingénieur procédés (niveau master en biologie au moins)

— Responsable qualité (niveau master en biologie au moins)

— Chargé d’affaires réglementaires

— Directeur scientifique (niveau master en biologie au moins)

— Neurobiologiste (niveau master en biologie au moins)

— Ingénieur biologiste (niveau master en biologie au moins)

Plusieurs écoles et fac de biologie proposent des programmes de formation dans un domaine de la biotechnologie. SUP Biotech figure parmi les meilleures écoles d’ingénieurs spécialisées dans les biotechnologies en France. Les programmes de l’Université de Sherbrooke, au Canada, et les grands instituts américains, comme le MIT, Georgia Tech et Caltech sont aussi très bien notés.

Éthique et droit de la santé publique

Santé publique, éthique de soins et libertés individuelles : analyse du délicat jeu d’équilibriste de l’État

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». L’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’Homme est sans équivoque : chaque personne est libre de mener sa vie comme elle souhaite. Ce dogme englobe le choix des études, les croyances, l’expression des opinions… et les décisions inhérentes aux questions de santé. L’éthique de soins respecte également ce principe universel et reconnait à chacun son droit à l’autonomie décisionnelle.

Tous les soignants, infirmiers, praticiens et professionnels de santé appliquent cette règle formelle, qui est d’ailleurs indiquée noir sur blanc dans les codes déontologiques des professions de santé. L’autonomie décisionnelle en matière de santé est reconnue partout comme un des droits fondamentaux de l’être humain. Cela signifie-t-il que le personnel des établissements de santé doit se plier à toutes les exigences sanitaires des patients ? Comment sont-ils censés réagir lorsque le choix du patient met sa vie en danger ou expose son entourage à des dommages physiques, psychologiques ou émotionnels plus ou moins importants ?

L’histoire de la médecine est marquée par des contentieux notables, qui opposent le respect de l’autonomie en éthique de soins au principe de bienfaisance et de justice sociale défendu par l’éthique de la Santé publique. Ces contradictions soulèvent presque toujours le même questionnement redondant : quels intérêts le professionnel de santé doit-il protéger en priorité ? Ceux des personnes malades ou ceux de la communauté ?

La réponse à cette question est souvent évidente. Néanmoins, des circonstances plus complexes requièrent une réflexion éthique qui implique le soignant, le comité consultatif des établissements hospitaliers, les centres médico sociaux et, parfois, le comité consultatif national d’éthique. Le praticien n’étant pas toujours le mieux qualifié sur les questions afférentes aux droits et libertés individuelles, il ou elle a besoin du soutien d’un juriste en droit public ou d’un vrai spécialiste des questions éthiques du secteur sanitaire.

La résolution de ces conflits se fait nécessairement dans un espace de réflexion neutre et favorable aux échanges. La priorité est de trouver un consensus dans lequel :

— les droits des patients et de la société sont tous respectés ;

— les établissements publics de santé et leur personnel exercent leur métier dans le total respect de la déontologie médicale.

 

Dans cette optique, tous les intervenants doivent saisir pleinement les enjeux éthiques des systèmes de santé publique, des sciences et techniques mobilisés pour préserver la santé d’une communauté et l’importance du respect des droits des malades.

Quelle est la relation entre la santé publique et l’État ?

L’État est un acteur central dans la recherche de compromis entre les exigences collectivistes de la santé publique et les tendances individualistes de l’éthique de soins.

En ce sens, l’État entretient une relation privilégiée avec les acteurs de la santé publique et les défenseurs des droits et libertés individuelles en milieu médical. Ainsi, sa position fluctue en permanence selon qu’il défend les intérêts de la population dans son ensemble ou d’une personne ou d’un groupe de personnes en particulier. Dans ce jeu d’équilibriste, ses motivations et ses priorités demeurent inchangées : l’État priorise la santé et le bien-être de toute personne humaine sous sa responsabilité.

Même s’il est difficile, voire impossible, de satisfaire les préférences de chaque individu, l’État s’efforce d’instaurer un environnement sanitaire engageant pour la majorité, sans être discriminatoire pour les minorités. Afin d’atteindre cet objectif, les pouvoirs publics encouragent et soutiennent les réflexions autour d’un système de santé fondé sur la théorie utilitariste et les valeurs du paternalisme, tout en fixant des limites morales aux restrictions des libertés individuelles lors de situations de crise.

Éthique et santé

Comment associer éthique de soins et éthique en santé publique ?

L’éthique de la santé publique et l’éthique médicale visent à peu près les mêmes objectifs : servir au mieux l’intérêt de chaque individu en matière de soins médicaux, sans dépasser les limites de ce qui est acceptable d’un point de vue sociétal, légal et humain. Pourtant, les réflexions autour de l’éthique médicale se heurtent parfois à des principes antinomiques qui définissent l’éthique de la santé publique. Comment surmonter ou contourner ces contradictions ?

De l’avis du CCNE, la clé d’une santé publique consensuelle se trouve dans le respect des principes éthiques dans toutes les politiques de santé élaborées au bénéfice de la société. Sans cette condition, les professionnels de santé et la population pourront difficilement faire confiance à ces politiques de santé publique et au système de santé dans son ensemble. Le comité rappelle cependant que le choix d’une stratégie de santé publique, au-delà des considérations morales et éthiques, renferme toujours une dimension politique.

Sa mise en œuvre est limitée par les moyens économiques, humains, juridiques et financiers. S’attendre à une politique de santé publique qui fait l’unanimité relève de l’utopie. Néanmoins, la société peut toujours repousser les limites de la réflexion sur l’éthique de santé publique, afin de mieux considérer les exigences individuelles propres à l’éthique clinique.