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Intégrer l’équité et la justice sociale dans les politiques de santé

La quête d’une justice sociale dans les politiques publiques de santé couvre plusieurs aspects de la médecine moderne. Nous avons évoqué dans ce dossier quelques-uns de ces paramètres, dont l’utilisation des nouvelles technologies dans les soins, la télémédecine, l’optimisation de la relation médecin-patient, l’amélioration des prises de décision et la considération des valeurs religieuses et culturelles. Tous ces sujets ont des implications éthiques, légales et sociales sur la santé, notamment sur des questions à haut niveau d’intrication relatives aux droits individuels du patient et aux responsabilités des États et institutions envers la population.

Cette complexité implique que les efforts visant à instaurer une forme de justice sociale et d’équité dans les politiques de santé s’envisagent sur le long terme, voire sur plusieurs générations. Même une vie éthique entière ne suffit pas à corriger toutes les failles des politiques de santé actuelles en matière d’égalité d’accès aux soins. Des défaillances majeures existent à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, depuis les soins de santé de base jusqu’aux soins tertiaires.

La résolution de ces problèmes exige une action intersectorielle et la coopération globale des citoyens, des États, des entreprises, des centres de réflexion et des universités, entre autres participants. Les implications éthiques, légales et sociales de la santé concernent tout le monde. Il est donc normal d’inclure tous les membres de la société aux discussions et aux actions visant à améliorer la santé publique.

1.      Une politique de santé basée sur l’inclusion et la participation de tous

La nécessité d’inclure tout le monde dans l’élaboration des politiques de santé est donc une évidence. Dans les faits, organiser des débats publics et inclusifs sur ce sujet est une tâche herculéenne. Au-delà des soucis d’organisation, ces états généraux se heurtent aussi aux intérêts divergents et foncièrement opposés des participants.

Les citoyens, eux, aspirent à un système de santé universelle, égalitaire, abordable d’un point de vue financier et respectueux des valeurs humaines et sociales. Les industries pharmaceutiques poursuivent aussi les mêmes objectifs, ou presque, mais doivent en plus composer avec leur responsabilité environnementale, leur responsabilité sociale leur responsabilité économique et les intérêts financiers des investisseurs. De son côté, le corps médical soutient toute initiative bénéfique à ses conditions de travail, à l’équité salariale et à la qualité des soins proposés aux patients.

L’État et les pouvoirs publics se positionnent au milieu de ces intérêts discordants, en jouant le rôle d’arbitres, de médiateurs et de juges de paix, du moins en théorie. Les faits et l’histoire montrent le caractère avilissant des considérations financières, économiques et religieuses sur les politiques de santé décidées par les dirigeants. Des politiciens soutenus par des lobbyistes parviennent ainsi à voter des lois qui influent sur l’organisation de la sécurité sociale ou la tarification des médicaments, par exemple. Beaucoup s’interrogent aussi de la transparence des procédures d’attribution des marchés publics de santé, comme l’approvisionnement en vaccins et l’achat d’équipements de protection pour les centres de santé. Ces doutes altèrent naturellement la confiance des intervenants, une dégradation qui influence les discussions portant sur les implications éthiques, légales et sociales de la santé.

Ces multiples contradictions soulèvent plusieurs questions éthiques, légales et sociales : comment aplanir les désaccords entre les différents acteurs de la politique de santé ? Comment faire pour que l’État devienne un médiateur réellement impartial dans les débats de politiques de santé impliquant éthique et loi ? Quelles concessions les parties impliquées doivent-elles faire pour trouver un terrain d’entente vraiment favorable à l’équité et à la justice sociale dans les politiques de santé ? La clé d’un plan national de santé égalitaire se trouve peut-être dans ces questions.

2.      Notions d’équité et de solidarité intergénérationnelle

La notion d’équité occupe une place fondamentale dans le domaine de la santé. Ce principe implique que chaque personne devrait avoir accès aux services de santé dans la même mesure, et ce, sans prendre en compte l’ethnicité, le sexe, la race, la religion, la classe sociale ou encore l’âge, parmi d’autres attributs sociaux.

Par ailleurs, qui dit notion d’équité, dit répartition équitable des ressources indispensables au bon déroulement des centres médicaux. L’un des buts de ce concept est d’améliorer l’état de santé de tout le monde. Aussi, il est question d’alléger le fardeau relatif aux mauvaises conditions de santé des personnes défavorisées tant sur le plan social qu’économique.

La notion de solidarité intergénérationnelle implique de faire vivre un lien entre les générations d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Cette valeur constitue la base des politiques sociales de certains pays, surtout ceux qui disposent d’un système de retraite par répartition.

En France par exemple, les rentes des retraités proviennent des cotisations versées par la population active. Cette organisation devient intenable au fur et à mesure du vieillissement de la population, puisque la part des cotisants par retraités ne cesse de diminuer. Des voix commencent à s’élever en faveur d’un système mieux adapté aux réalités actuelles de la santé et de la vieillesse. L’idée d’une retraite par capitalisation fait doucement son chemin, alors qu’elle était taboue il y a encore quelques années.

La solidarité intergénérationnelle touche aussi d’autres aspects de la santé, comme le financement de la recherche médicale par les séniors, l’engagement climatique et l’adoption des nouvelles technologies de soins au quotidien. Sur ces questions, les intérêts d’une génération seront toujours avantagés ou lésés par des décisions prises dans un cadre légal ou éthique. Par exemple, les personnes âgées trouvent plus d’intérêt dans un débat portant sur l’éthique des pratiques sociales et déontologie des travailleurs sociaux, ou tout autre sujet en lien avec l’éthique dans le social. En revanche, la réflexion sur les nouvelles technologies de santé cible davantage les populations les plus jeunes.

Les leaders politiques et les penseurs de l’éthique ont intérêt à comprendre les positions divergentes des générations sur tous les aspects de la politique publique de santé.

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