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La santé collective est-elle aujourd’hui un objectif commun à tous ?

La définition communément acceptée de la santé publique sous-entend que l’État et les pouvoirs publics ont la plus grande part de responsabilité dans l’identification, la gestion et la prévention des problèmes de santé d’une population. Cet état de fait ne doit en aucun cas masquer une vérité tout aussi fondamentale : l’individu participe aussi, à son niveau, à tous les efforts visant à améliorer, protéger et préserver sa santé ainsi que celle de son entourage. Pour cette raison, on préfère toujours associer la notion de santé publique avec celle de la santé collective ou de la santé communautaire.

Ce point de vue reconnait la capacité de tous les membres d’une collectivité à réfléchir sur les principaux problèmes de santé qui les concernent et engager des mesures correctives ou préventives pour y remédier. Chaque individu doit être conscient de son appartenance à cette communauté, ainsi que de ses responsabilités en matière de prévention et de protection de la santé. Un système organisé dans une logique de santé collective investit massivement dans la compréhension des mécanismes et des situations susceptibles d’engendrer des maladies.

Une telle société peut compter sur la contribution plus ou moins volontaire des populations pour résoudre ces mécanismes et éviter que les situations problématiques se reproduisent. À l’opposé, les pays comme la Suisse peuvent aussi se concentrer uniquement sur l’aspect « public » de la santé et développer en amont une médecine très technologique. Ces États négligent parfois la prévention et le côté médico social de la santé. Résultat : leurs systèmes de santé, bien que performants, ne satisfont pas entièrement les réels besoins en santé de leur population.

La participation communautaire constitue ainsi la clé d’une politique de santé vraiment efficace et élaborée conformément aux aspirations profondes de chaque individu. Il existe différents niveaux de systèmes de santé qui valorisent l’avis des citoyens :

— le niveau le plus basique désigne les systèmes où les décideurs organisent des séances de consultation ou d’informations publiques sur les problématiques d’ordre sanitaire. Rien ne garantit en revanche que les commentaires et les suggestions des participants figurent dans les stratégies mises en œuvre par les décisionnaires.

— en deuxième niveau, les pouvoirs publics nouent des partenariats avec des associations ou les représentants des populations, dans le but d’établir une réelle collaboration sur le terrain. Cette organisation rééquilibre les influences de chaque intervenant et permet aux décideurs de déléguer certaines décisions.

— le niveau de participation le plus élevé correspond aux systèmes dans lesquels la communauté se voit accorder un réel contrôle sur toutes les décisions budgétaires ou autres, qui concernent la santé publique.

Rares sont aujourd’hui les pays ou régions ayant atteint le plus haut échelon de la santé collective. En France comme en Suisse, les dirigeants organisent régulièrement des états généraux de leurs services de santé, afin de définir les besoins et de planifier les mesures prioritaires des 5 ou 10 prochaines années. Les questions les plus brûlantes et les plus stratégiques sont traitées par des agents de la fonction publique, donc un cercle restreint de décideurs qui ne connaissent pas forcément la réalité du terrain.

En matière d’éthique, ce mode de fonctionnement pose problème, connaissant les éventuelles influences extérieures auxquelles s’exposent certains décideurs. Il n’est pas rare en effet que des politiciens occupant un poste stratégique au Ministère de la Santé aient des accointances avec des représentants d’une entreprise pharmaceutique. Ces liens peuvent-ils fausser leur interprétation de certains sujets de santé, voire influencer leur décision ? La question mérite d’être posée afin d’appliquer un ensemble de règles de transparence et d’intégrité dans les pratiques professionnelles de ceux qui prennent des décisions pouvant affecter la santé de millions d’individus.

Tous les systèmes de santé actuels sont donc perfectibles. Pour cette raison, il n’est nullement déplacé d’affirmer que la santé collective apparaît comme un objectif commun à poursuivre par tous. Ce défi concerne les responsables universitaires, les experts du droit de la santé, les juristes du droit international, du droit des affaires, du droit de la responsabilité, du droit santé ou du droit de la sécurité sociale, les acteurs de la psychiatrie, des sciences politiques et les directeurs des institutions de hautes études du champ de la santé.

Partie 3 – Quels sont les risques émergents et critiques sur la santé publique ?

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