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Les critères de promotion d’une culture éthique dans le développement médical

Avec leur niveau de formation, les chercheurs et intervenants du domaine de la recherche médicale ont une capacité de réflexion supérieure à la moyenne par rapport aux dimensions éthiques de leurs activités. Néanmoins, les établissements et laboratoires de recherche ont toujours l’obligation de promouvoir une culture éthique auprès de leurs collaborateurs. Le temps instaure parfois des formes d’automatisme, de déni ou d’oubli chez les médecins investigateurs. Les influences extérieures peuvent aussi affecter leur sensibilité par rapport à certains sujets.

Par exemple, un soignant habitué à faire des consultations en ligne pourrait ainsi oublier ou sous-estimer sa responsabilité éthique dans la santé numérique lors d’une mise à niveau du système qu’il utilise en télémédecine. L’intégration d’un système d’Intelligence artificielle dans une application de visioconférence entraîne parfois des implications éthiques, légales et sociales du développement médical que le soignant n’a pas encore eu le temps d’assimiler. Pourtant, son métier l’oblige à assurer la continuité des soins et de fournir le meilleur accompagnement possible à ses patients, en dépit des nouveaux enjeux soulevés par la modernisation de son outil de travail.

La promotion d’une culture éthique dans le développement médical s’appuie sur plusieurs critères :

  • L’anticipation du changement

La recherche médicale ne fait pas de mystère sur son projet éthique et ses travaux pour le futur de la santé humaine. Les journaux scientifiques, les médias, internet et la communauté scientifique elle-même partagent régulièrement des informations plus ou moins détaillées sur les promesses du développement médical.

Pour promouvoir une culture éthique auprès des équipes de recherche, les laboratoires investissent dans les plateformes qui facilitent l’accès à toutes les informations liées de près ou de loin à leurs travaux. Ce faisant, ils ouvrent une fenêtre sur ce que font les autres établissements de recherche. Cette ouverture les aide à sortir d’un cadre rigoriste dans lequel ils s’approprient leurs travaux.

Au lieu de cela, ils commencent à adopter un mode de pensée où le bénéfice de l’humain et de la communauté prime sur les considérations individuelles. Les expressions comme « mon point de vue », « mes recherches » sont alors remplacées par des formules plus communautaires, comme « nos activités », « nos actions » ou « nos objectifs », dans le sens où la recherche médicale bénéficiera à tout le monde.

Une meilleure information aux actualités de la recherche médicale prépare aussi l’opinion aux répercussions éthiques des progrès de demain. La réflexion commence dès l’instant où les chercheurs prennent connaissance des projets – et non pas au moment où les découvertes en question sont révélées et proposées au public.

Autrement dit, les médecins chercheurs doivent comprendre en premier lieu toutes les implications éthiques, légales et sociales du développement médical, bien avant le reste de la population, y compris les leaders religieux et les politiques. Ils sont ainsi bien placés pour encadrer les débats futurs sur le sujet et sur le contenu éthique des projets de loi qui encadrent l’utilisation d’une découverte scientifique ou médicale.

  • Une formation continue

Aussi qualifiés et expérimentés soient-ils, les médecins chercheurs ne sont pas omniscients. Certaines implications éthiques, légales et sociales du développement médical peuvent leur échapper. Ces lacunes portent souvent sur la confusion entre implication et causalité, les notions d’éthique et loi ou d’éthique et droit ainsi que les questions d’éthique dans le social. Un médecin chercheur qui n’a jamais fait de volontariat ou d’intervention en milieu social aura ainsi du mal à saisir tous les enjeux de l’éthique des pratiques sociales et déontologie des travailleurs sociaux.

La promotion d’une culture éthique suppose donc la mise en place d’une formation ou d’une forme de sensibilisation des intervenants en recherche à toutes les implications éthiques, légales et sociales du développement médical. Ce cours d’éthique avancé est plus efficace s’il est organisé par le directeur de l’espace de réflexion éthique d’une institution indépendante ou par une personnalité respectée dans le milieu. Cela peut être un professeur d’éthique de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris, en IDF, ou d’un autre établissement reconnu pour son expertise sur le sujet.

Le principe est de trouver un garant de l’éthique qui soit respecté par les équipes de recherche médicale et non un interlocuteur illégitime œuvrant dans un secteur à l’opposé du développement médical. Un expert des questions éthiques en habillement (éthique Kiabi, éthique Zara ou éthique Kourou) ou en finances et immobilier (que l’on peut retrouver avec des mots clés comme éthique Société Générale et éthique immobilis) n’a aucune crédibilité sur les thèmes en lien avec la santé. Une personne souffrant d’une mauvaise réputation ou impliquée dans des polémiques autour de l’éthique et maltraitance ou l’éthique justice sera encore moins respectée.

  • S’interdire les jugements

Tout le monde a son mot à dire sur les questions de santé et du développement médical. Cette divergence des points de vue alimente les débats et entraîne parfois des conflits. Toutefois, ces contradictions sont toujours bénéfiques à la science et ouvrent de nouvelles perspectives sur les implications éthiques, légales et sociales du développement médical.

Un médecin chercheur croyant pourra ainsi trouver une nouvelle approche ou de nouvelles raisons éthiques dans la pensée d’un collègue athée. Un directeur d’étude qui s’intéresse au raisonnement d’un médecin attaché aux valeurs religieuses peut aussi avoir une meilleure compréhension de ses motivations. Par extension, il en ressort avec une connaissance approfondie de la logique derrière les choix de santé de certains patients.

Dans le développement médical comme dans tous les aspects d’une vie éthique, comprendre le point de vue de l’autre ne vous oblige pas à l’adopter. Cela aide à développer de l’empathie, de la tolérance et du bon sens par rapport aux implications éthiques, légales et sociales du développement médical. La science et la recherche médicale en ressortent grandies, puisque les chercheurs ne s’enferment plus dans un raisonnement contraignant, borné et incompatible à l’esprit critique.

Le plus important, est de protéger et de promouvoir l’ouverture d’esprit de tous les chercheurs impliqués dans un projet de recherche médicale. Le développement médical a besoin d’esprits prompts à se mettre à la place de l’autre, au lieu de proférer des jugements fondés sur des dogmes inflexibles et des opinions biaisées. Le monde a besoin d’intellectuels motivés, intègres et raisonnables.

Le monde regorge de talents et de chercheurs remarquables, doués d’une grande intelligence, mais aussi d’une grande humanité. Ces personnes d’exception sont amenées à diriger et à encadrer les questionnements sur les implications éthiques, légales et sociales du développement médical. Malgré la résurgence de certaines pensées intégristes d’un côté et d’une forme de libéralisme débridé de l’autre, la recherche médicale peut toujours s’appuyer sur des leaders bienveillants, pondérés et ouverts à tous les arguments contradictoires.

Agora Ethique & Santé

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